Éric Batcave, directeur du pôle médico-social pour le groupe AHNAC. ©DR
Dans quel contexte le dispositif « Bien Vieillir » a-t-il vu le jour ?
Éric Batcave : Tout a commencé à Barlin, petite ville de quelques 7 600 habitants, où le groupe AHNAC gère un EHPAD et une Résidence Autonomie situés sur le même site, bien que bénéficiant d’entrées séparées et de prestations différenciées. Cette spécificité géographique nous a permis d’engager, depuis déjà plusieurs années, une réflexion sur la mise en œuvre d’un parcours résidentiel. En parallèle, Barlin dispose, à proximité de ces structures, de trois îlots d’habitation de type béguinage au sein du quartier du Regain, gérés par le bailleur social Sia Habitat et accueillant principalement une cinquantaine de seniors. L’idée s’est donc imposée d’elle-même suite à une rencontre avec la Mairie : pourquoi ne pas travailler tous ensemble et jumeler nos services ?
Les étoiles se sont rapidement alignées…
Chrystelle Sénéchal : Nous avons en effet croisé la route de la mutuelle AG2R, dont la plateforme d’innovation sociale « Pénates et Cité » venait de lancer un appel à manifestation d’intérêt (AMI) autour du Bien Vieillir en ruralité. Notre proposition a été retenue, ce qui nous a permis de bénéficier d’un accompagnement par « Béguinage et Compagnie », qui intervient dans les projets de logements dits inclusifs ou participatifs. Ses équipes ont alors mené une série d’entretiens, tant individuels que collectifs, auprès des habitants des trois îlots afin d’identifier leurs besoins et attentes. Nous avons, de notre côté, constitué un comité de pilotage associant la municipalité, le conseil départemental, le bailleur social Sia Habitat, la CARSAT, mais aussi le pôle Eurasanté, le réseau Clubster Senior, etc., pour coordonner le projet et en tirer, à terme, les enseignements utiles.
Quels constats avez-vous pu poser suite à cette première étude ?
Éric Batcave : Basée sur la pyramide de Maslow, l’analyse de « Béguinage et Compagnie » a, pour l’essentiel, mis en lumière des besoins autour du logement, et plus spécifiquement de la rénovation thermique, de l’accessibilité et de la connectivité, ainsi que sur les notions de services et de convivialité, d’estime de soi. Nous avons donc commencé à travailler sur cette base. Au même moment, la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) a lancé un appel à projets autour de la participation des usagers à la définition de nouveaux services. Nous y avons répondu avec l’ensemble de nos partenaires sous l’égide de la Mairie. Les résultats sont attendus en septembre pour une mise en œuvre prévue début janvier 2022. Si notre projet est retenu, nous pourrons alors bénéficier des financements nécessaires pour mener une expérimentation de 24 mois.
Quelles en seront les grandes lignes ?
Éric Batcave : Notre projet s’articule autour de trois niveaux. Côté ville de Barlin, il s’agira de constituer une communauté des aînés pour réfléchir ensemble à la notion de Bien Vieillir et à son articulation avec les politiques municipales à venir – en termes de logement, santé, mobilité, culture, etc. Au niveau du quartier du Regain, nous nous attacherons à développer des prestations et services complémentaires afin que les habitants puissent rester à domicile le plus longtemps possible. En ce qui concerne le groupe AHNAC, nous créerons un poste de care manager positionné au sein des îlots, pour faire le lien entre les services de la commune et les nôtres et coordonner nos actions respectives. Nous avons déjà commencé à travailler sur ce point avec les associations d’aide à domicile du territoire, qui auront un rôle majeur pour détecter les vulnérabilités et nous faire remonter des informations fiables.
Éric Batcave : Tout a commencé à Barlin, petite ville de quelques 7 600 habitants, où le groupe AHNAC gère un EHPAD et une Résidence Autonomie situés sur le même site, bien que bénéficiant d’entrées séparées et de prestations différenciées. Cette spécificité géographique nous a permis d’engager, depuis déjà plusieurs années, une réflexion sur la mise en œuvre d’un parcours résidentiel. En parallèle, Barlin dispose, à proximité de ces structures, de trois îlots d’habitation de type béguinage au sein du quartier du Regain, gérés par le bailleur social Sia Habitat et accueillant principalement une cinquantaine de seniors. L’idée s’est donc imposée d’elle-même suite à une rencontre avec la Mairie : pourquoi ne pas travailler tous ensemble et jumeler nos services ?
Les étoiles se sont rapidement alignées…
Chrystelle Sénéchal : Nous avons en effet croisé la route de la mutuelle AG2R, dont la plateforme d’innovation sociale « Pénates et Cité » venait de lancer un appel à manifestation d’intérêt (AMI) autour du Bien Vieillir en ruralité. Notre proposition a été retenue, ce qui nous a permis de bénéficier d’un accompagnement par « Béguinage et Compagnie », qui intervient dans les projets de logements dits inclusifs ou participatifs. Ses équipes ont alors mené une série d’entretiens, tant individuels que collectifs, auprès des habitants des trois îlots afin d’identifier leurs besoins et attentes. Nous avons, de notre côté, constitué un comité de pilotage associant la municipalité, le conseil départemental, le bailleur social Sia Habitat, la CARSAT, mais aussi le pôle Eurasanté, le réseau Clubster Senior, etc., pour coordonner le projet et en tirer, à terme, les enseignements utiles.
Quels constats avez-vous pu poser suite à cette première étude ?
Éric Batcave : Basée sur la pyramide de Maslow, l’analyse de « Béguinage et Compagnie » a, pour l’essentiel, mis en lumière des besoins autour du logement, et plus spécifiquement de la rénovation thermique, de l’accessibilité et de la connectivité, ainsi que sur les notions de services et de convivialité, d’estime de soi. Nous avons donc commencé à travailler sur cette base. Au même moment, la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) a lancé un appel à projets autour de la participation des usagers à la définition de nouveaux services. Nous y avons répondu avec l’ensemble de nos partenaires sous l’égide de la Mairie. Les résultats sont attendus en septembre pour une mise en œuvre prévue début janvier 2022. Si notre projet est retenu, nous pourrons alors bénéficier des financements nécessaires pour mener une expérimentation de 24 mois.
Quelles en seront les grandes lignes ?
Éric Batcave : Notre projet s’articule autour de trois niveaux. Côté ville de Barlin, il s’agira de constituer une communauté des aînés pour réfléchir ensemble à la notion de Bien Vieillir et à son articulation avec les politiques municipales à venir – en termes de logement, santé, mobilité, culture, etc. Au niveau du quartier du Regain, nous nous attacherons à développer des prestations et services complémentaires afin que les habitants puissent rester à domicile le plus longtemps possible. En ce qui concerne le groupe AHNAC, nous créerons un poste de care manager positionné au sein des îlots, pour faire le lien entre les services de la commune et les nôtres et coordonner nos actions respectives. Nous avons déjà commencé à travailler sur ce point avec les associations d’aide à domicile du territoire, qui auront un rôle majeur pour détecter les vulnérabilités et nous faire remonter des informations fiables.
Chrystelle Sénéchal, directrice des établissements du groupe AHNAC. ©DR
Comment ce projet est-il accueilli par les habitants des trois îlots ?
Chrystelle Sénéchal : Il nous a semblé important de commencer par travailler sur leur vision des EHPAD et Résidences Autonomie, afin de démystifier ces structures somme toute peu connues du grand public. Avant la crise sanitaire, nous avons donc organisé des journées portes ouvertes pour qu’ils puissent découvrir nos établissements… qui se sont révélés, in fine, bien différents de ce qu’ils avaient imaginé ! Ces premiers échanges ont également permis d’évoquer la notion de parcours gradué, positivement accueillie par les familles : il est en effet plus « facile » de commencer par une admission en Résidence Autonomie, avec la garantie d’une bascule rapide en EHPAD si la situation l’exige – d’autant que les habitants des îlots sont prioritaires au sein de ce circuit.
Avez-vous prévu de faire évoluer votre projet initial suite à la crise sanitaire ?
Chrystelle Sénéchal : Les événements récents ont effectivement eu un certain impact. Par exemple, nous n’avons pas pu ouvrir nos établissements autant que nous l’aurions souhaité, pour convier les habitants des îlots à des animations, des goûters ou un film dans notre salle de cinéma. Mais nous sommes prêts et le ferons dès que la situation sanitaire le permettra. Dans l’intervalle, et en attendant les résultats de l’appel à projets de la CNSA, nous avons missionné l’équipe de « Béguinage et Compagnie » pour réinterroger les habitants afin d’affiner ou compléter notre réflexion – les attentes ont en effet évolué suite à la crise, notamment en ce qui concerne l’accès à un espace de solidarité et à des services de proximité.
Éric Batcave : Nous avons déjà ici quelques pistes. Avant les confinements, un partenariat avec l’association MELOKO avait été engagé pour faciliter l’accès et l’approvisionnement en produits de première nécessité pour la Résidence Autonomie. L’établissement est identifié en tant que lieu de livraison. Pourquoi ne pas l’ouvrir aux habitants du quartier du Regain ? De la même manière, nous pourrions leur proposer une cafétéria au sein de nos locaux. Nous avons également commencé à rénover un studio d’accueil temporaire adapté aux personnes à mobilité réduite au sein de notre Résidence Autonomie, qui peut par exemple bénéficier à un senior des îlots lorsque ses aidants familiaux sont absents.
Le mot de la fin ?
Éric Batcave : Le dispositif « Bien Vieillir » est assurément fédérateur, comme le montre l’implication forte de l’ensemble des partenaires. Il bénéficie d’ailleurs d’un soutien franc et massif de la Mairie qui, à la mi-avril, a convié la ministre déléguée à l’autonomie Brigitte Bourguignon pour le lui présenter. Mais c’est loin d’être la seule initiative notable du territoire. Il nous faudra donc également réfléchir à la manière dont nous pourrions combiner toutes ces actions et les faire connaître au plus grand nombre, tout en continuant de co-construire un nouveau modèle pour prendre en charge des besoins évolutifs. C’est un réel pari, que nous sommes résolus à relever.
Article publié dans le numéro de juillet d'Ehpadia à consulter ici
Chrystelle Sénéchal : Il nous a semblé important de commencer par travailler sur leur vision des EHPAD et Résidences Autonomie, afin de démystifier ces structures somme toute peu connues du grand public. Avant la crise sanitaire, nous avons donc organisé des journées portes ouvertes pour qu’ils puissent découvrir nos établissements… qui se sont révélés, in fine, bien différents de ce qu’ils avaient imaginé ! Ces premiers échanges ont également permis d’évoquer la notion de parcours gradué, positivement accueillie par les familles : il est en effet plus « facile » de commencer par une admission en Résidence Autonomie, avec la garantie d’une bascule rapide en EHPAD si la situation l’exige – d’autant que les habitants des îlots sont prioritaires au sein de ce circuit.
Avez-vous prévu de faire évoluer votre projet initial suite à la crise sanitaire ?
Chrystelle Sénéchal : Les événements récents ont effectivement eu un certain impact. Par exemple, nous n’avons pas pu ouvrir nos établissements autant que nous l’aurions souhaité, pour convier les habitants des îlots à des animations, des goûters ou un film dans notre salle de cinéma. Mais nous sommes prêts et le ferons dès que la situation sanitaire le permettra. Dans l’intervalle, et en attendant les résultats de l’appel à projets de la CNSA, nous avons missionné l’équipe de « Béguinage et Compagnie » pour réinterroger les habitants afin d’affiner ou compléter notre réflexion – les attentes ont en effet évolué suite à la crise, notamment en ce qui concerne l’accès à un espace de solidarité et à des services de proximité.
Éric Batcave : Nous avons déjà ici quelques pistes. Avant les confinements, un partenariat avec l’association MELOKO avait été engagé pour faciliter l’accès et l’approvisionnement en produits de première nécessité pour la Résidence Autonomie. L’établissement est identifié en tant que lieu de livraison. Pourquoi ne pas l’ouvrir aux habitants du quartier du Regain ? De la même manière, nous pourrions leur proposer une cafétéria au sein de nos locaux. Nous avons également commencé à rénover un studio d’accueil temporaire adapté aux personnes à mobilité réduite au sein de notre Résidence Autonomie, qui peut par exemple bénéficier à un senior des îlots lorsque ses aidants familiaux sont absents.
Le mot de la fin ?
Éric Batcave : Le dispositif « Bien Vieillir » est assurément fédérateur, comme le montre l’implication forte de l’ensemble des partenaires. Il bénéficie d’ailleurs d’un soutien franc et massif de la Mairie qui, à la mi-avril, a convié la ministre déléguée à l’autonomie Brigitte Bourguignon pour le lui présenter. Mais c’est loin d’être la seule initiative notable du territoire. Il nous faudra donc également réfléchir à la manière dont nous pourrions combiner toutes ces actions et les faire connaître au plus grand nombre, tout en continuant de co-construire un nouveau modèle pour prendre en charge des besoins évolutifs. C’est un réel pari, que nous sommes résolus à relever.
Article publié dans le numéro de juillet d'Ehpadia à consulter ici